Biais de Confirmation : Quand Notre Cerveau Cherche Surtout à Avoir Raison

Vous avez déjà eu l’impression, après avoir pris une décision ou forgé une opinion, de ne voir que des informations qui la confirment ?

Cet article fait partie de notre série sur les biais cognitifs visant à décortiquer ces mécanismes de pensée, et aujourd’hui, nous allons nous pencher sur un poids lourd : le biais de confirmation.

Mais alors, ça veut dire quoi le biais de confirmation exactement ? C’est une question essentielle pour mieux comprendre comment fonctionne notre esprit et comment nos jugements peuvent parfois être biaisés sans que nous en ayons conscience.

Ça veut dire quoi le biais de confirmation ? La définition pour tout comprendre.

Le biais de confirmation est notre tendance naturelle, souvent inconsciente, à rechercher, interpréter, favoriser et se souvenir des informations qui confirment ou soutiennent nos croyances ou hypothèses préexistantes.

En d’autres termes, nous avons une préférence, un penchant naturel, pour les informations qui nous donnent raison et nous tendons à ignorer ou minimiser celles qui nous contredisent.

C’est un filtre d’information puissant qui façonne la manière dont vous percevez le monde.

Comprendre le biais de confirmation est le premier pas pour développer une pensée plus nuancée.

Comment le biais de confirmation se manifeste-t-il dans notre quotidien ?

Ce mécanisme de pensée sélective est partout, tout le temps. Vous le rencontrez lorsque :

• Vous choisissez vos sources d’information : vous êtes plus susceptible de lire les journaux, de regarder les chaînes d’information ou de suivre des comptes sur les réseaux sociaux qui partagent vos opinions politiques ou sociales.
• Vous interprétez les événements : si vous pensez qu’une personne est malhonnête, vous interpréterez ses actions ambiguës comme des preuves de sa malhonnêteté, ignorant d’autres explications possibles.
• Vous vous souvenez des choses : vous vous rappellerez plus facilement les moments où votre intuition s’est avérée correcte que ceux où elle vous a trompé.
• Vous discutez : lors d’un débat, vous avez tendance à retenir plus facilement les arguments qui vont dans votre sens et à accorder moins de poids à ceux de votre interlocuteur s’ils divergent des vôtres.

Pourquoi sommes-nous si enclins au biais de confirmation ? Les racines psychologiques.

Plusieurs raisons expliquent cette tendance à la validation des croyances :

• La réduction de la dissonance cognitive : Faire face à des informations qui contredisent nos croyances profondes peut créer un inconfort psychologique (la dissonance cognitive). Le biais de confirmation nous aide à éviter cet inconfort en filtrant ces informations « dérangeantes ».
• L’efficacité cognitive : Notre cerveau traite une quantité phénoménale d’informations chaque seconde. Chercher à confirmer ce que nous savons déjà est un raccourci mental, une manière plus « économique » de traiter l’information, même si ce n’est pas toujours la plus juste.
• La protection de l’estime de soi : Avoir raison et voir nos croyances confirmées renforce notre sentiment de compétence et notre estime personnelle. Remettre en question nos idées peut être perçu, inconsciemment, comme une menace pour notre identité ou notre intelligence.

Le saviez-vous ? L’impact des algorithmes sur notre biais de confirmation

Les algorithmes des moteurs de recherche et des réseaux sociaux jouent un rôle significatif dans le renforcement de votre biais de confirmation.

En analysant vos clics, vos « j’aime » et vos partages, ils vous proposent du contenu susceptible de vous plaire, c’est-à-dire du contenu qui correspond souvent à vos opinions existantes.

Cela crée ce qu’on appelle des « bulles de filtres » ou des « chambres d’écho », où vous êtes de moins en moins exposé à des points de vue divergents.

Une étude du MIT en 2018 a montré que les fausses informations se propageaient six fois plus vite que les vraies sur Twitter, en partie parce qu’elles sont souvent conçues pour heurter nos émotions et confirmer nos préjugés, nous incitant davantage à les partager sans vérification approfondie.

Les dangers du biais de confirmation : quand « avoir raison » nous égare.

Si chercher la confirmation peut être réconfortant, ce biais peut avoir des conséquences négatives importantes :

• Polarisation des opinions : En ne s’exposant qu’à des avis similaires, nos positions peuvent devenir plus extrêmes.
• Décisions mal informées : Si vous ne considérez que les informations qui appuient une option, vous risquez de prendre des décisions (personnelles, professionnelles) basées sur une vision partielle de la réalité.
• Résistance au changement : Il devient difficile d’accepter de nouvelles idées ou de reconnaître ses erreurs.
• Formation et maintien des stéréotypes : On cherchera et retiendra les informations qui confirment un stéréotype sur un groupe de personnes, ignorant celles qui le contredisent.
• Difficultés d’apprentissage : Apprendre, c’est souvent accepter que l’on ne sait pas ou que l’on s’est trompé. Le biais de confirmation peut freiner ce processus.

Pour vous aider à visualiser comment contrer activement ces tendances, voici un tableau récapitulatif :

Tendance liée au Biais de Confirmation	Stratégie pour le Contrer	Bénéfice Attendu
Rechercher activement les infos qui confirment nos idées	Chercher délibérément des informations contradictoires.	Vision plus équilibrée, meilleure prise de décision.
Interpréter les infos ambiguës en notre faveur	Envisager plusieurs interprétations possibles.	Réduction des erreurs de jugement, plus d’objectivité.
Se souvenir plus facilement des confirmations	Noter les arguments contraires, faire un effort conscient.	Mémoire plus complète, meilleure évaluation a posteriori.
S’entourer de personnes qui pensent comme nous (écho)	S’exposer à des opinions divergentes, discuter avec respect.	Ouverture d’esprit, stimulation intellectuelle.

Quelques astuces pour vous aider à déjouer le biais de confirmation.

Déjouer ce biais demande un effort conscient, mais c’est possible. Voici quelques pistes :

• Jouez l’avocat du diable : Défendez activement le point de vue opposé au vôtre, même si c’est juste pour l’exercice.
• Posez-vous la question « Et si j’avais tort ? » : Quelles preuves, quels arguments pourraient vous faire changer d’avis ? Cherchez-les activement.
• Privilégiez les faits aux opinions : Distinguez bien ce qui relève de l’information vérifiable de ce qui est une interprétation ou une croyance.
• Acceptez que changer d’avis est un signe d’ouverture et d’intelligence, pas de faiblesse.
• Comprendre le biais de confirmation et reconnaître son existence est déjà un grand pas pour en limiter l’influence sur vos jugements.

Les quatre cartes : Une expérience éclairante sur le biais de confirmation.

L’une des démonstrations les plus célèbres du biais de confirmation est la « tâche de sélection des quatre cartes » (Wason Selection Task), conçue par le psychologue Peter Wason dans les années 1960. Imaginez quatre cartes posées sur une table. Chacune a une lettre d’un côté et un chiffre de l’autre. Vous voyez : A, K, 4, 7

La règle à vérifier est : « Si une carte a une voyelle d’un côté, alors elle a un chiffre pair de l’autre côté. » Quelles cartes devez-vous retourner pour vérifier si cette règle est vraie ou fausse ? La plupart des gens choisissent de retourner la carte « A » (pour confirmer la règle : si voyelle, alors pair) et la carte « 4 » (pour confirmer : si pair, alors voyelle). Or, retourner la « 4 » n’apporte rien : si elle a une consonne, la règle n’est pas violée ; si elle a une voyelle, elle confirme mais ne teste pas la contrainte.

Les cartes correctes à retourner sont « A » (pour voir si le chiffre est pair) et « 7 ». Pourquoi « 7 » ? Parce que si la carte « 7 » (chiffre impair) a une voyelle de l’autre côté, alors la règle (« si voyelle, alors pair ») est immédiatement faussée. C’est la recherche de la réfutation. Cette expérience montre notre forte tendance à chercher la confirmation (regarder la carte « 4 ») plutôt que la potentielle infirmation (regarder la carte « 7 »), illustrant parfaitement le biais de confirmation.

Synonymes et Antonymes

Pour mieux cerner le concept, voici quelques termes associés :

• Synonymes : Biais de croyance, pensée sélective, my-side bias (biais de mon côté, en anglais), cherry-picking (picorage sélectif d’informations), filtre d’information (dans son effet).
• Antonymes : Ouverture d’esprit, pensée critique, objectivité, impartialité, falsifiabilité (recherche active d’éléments pour infirmer une hypothèse).

Aller plus loin

Pour aller plus loin dans la compréhension des biais cognitifs, vous pouvez consulter le site de l’Association Française pour l’Information Scientifique (AFIS), qui propose régulièrement des articles de fond sur la pensée critique et les mécanismes de la désinformation.

à retenir

Pour conclure, le biais de confirmation est un mécanisme psychologique courant qui nous pousse à valider nos propres idées. En prendre conscience est crucial pour améliorer notre jugement. Voici les points essentiels :

• Le biais de confirmation est votre tendance à chercher et interpréter les informations qui confirment vos croyances.
• Il se manifeste dans vos choix d’information, vos interprétations et vos souvenirs.
• Il sert notamment à réduire l’inconfort mental et à protéger votre estime de soi.
• Les algorithmes des réseaux sociaux peuvent le renforcer en créant des « bulles de filtres ».
• Il peut mener à la polarisation, à de mauvaises décisions et à une résistance au changement.
• Savoir la signification du biais de confirmation vous permet d’être plus vigilant et de chercher activement des perspectives différentes pour une pensée plus objective.

Notre infographie sur le biais de confirmation