image couverture de l'article sur le masculinisme

Masculinisme : Ça veut dire quoi ? Définition, courants et enjeux

Bonjour à toutes et à tous ! Vous entendez de plus en plus parler de « masculinisme » et vous vous demandez ce que ce terme recouvre exactement ? Il est vrai que le mot est parfois utilisé à tort et à travers, suscitant curiosité, interrogations, voire controverses. Sur caveutdirequoi.com, nous allons décortiquer ensemble ce concept pour que vous puissiez vous faire votre propre idée. Alors, ça veut dire quoi le masculinisme ? C’est ce que nous allons découvrir.

Commençons par une infographie

infographie sur le masculinisme

Ça veut dire quoi le masculinisme ?

Le masculinisme, dans sa définition la plus large, désigne un ensemble de mouvements sociaux, théories et philosophies politiques qui s’intéressent aux hommes, à leurs expériences, à leurs droits et aux problématiques spécifiques qu’ils peuvent rencontrer dans la société. Il est important de souligner d’emblée que le masculinisme n’est pas un bloc monolithique ; il existe une grande diversité de courants, d’idées et d’objectifs sous cette bannière. Comprendre ça veut dire quoi le masculinisme implique donc de saisir cette pluralité.

Les origines et l’évolution du masculinisme

Si les préoccupations concernant la condition masculine ne datent pas d’hier, le terme « masculinisme » et les mouvements qui s’en revendiquent ont pris une forme plus structurée au cours des dernières décennies, souvent en réaction ou en parallèle au développement des mouvements féministes. Certains chercheurs situent les premières vagues d’intérêt pour les « études sur les hommes » (men’s studies) dans les années 1970 et 1980, avec une volonté d’analyser la masculinité et ses constructions sociales.

Les différents visages du masculinisme : ça veut dire quoi en pratique ?

Pour bien comprendre ça veut dire quoi le masculinisme, il est essentiel de distinguer ses principales tendances, qui peuvent parfois être très éloignées les unes des autres, voire opposées :

  1. Les défenseurs des droits des hommes (Men’s Rights Activists – MRA) : Ce courant se concentre sur les discriminations et les injustices perçues comme étant subies par les hommes. Les revendications portent souvent sur le droit de la famille (garde d’enfants, pension alimentaire), la lutte contre les fausses accusations, la prise en compte de la violence subie par les hommes, ou encore les inégalités en matière de santé et d’espérance de vie.
  2. Les mouvements mythopoétiques et de développement personnel masculin : Apparus notamment dans les années 1980-1990, ces mouvements, influencés par des auteurs comme Robert Bly, encouragent les hommes à explorer une masculinité « profonde » ou « authentique », souvent en se reconnectant à des archétypes mythologiques. L’accent est mis sur le développement personnel et la guérison des « blessures masculines ».
  3. Le masculinisme pro-féministe : Ce courant, parfois appelé « mouvement de libération des hommes » (Men’s Liberation Movement historiquement), considère que les stéréotypes de genre et le patriarcat sont néfastes autant pour les femmes que pour les hommes. Ces masculinistes soutiennent les objectifs féministes d’égalité et cherchent à déconstruire les rôles de genre traditionnels qui enferment les hommes dans des injonctions de virilité parfois toxiques (ne pas montrer ses émotions, être toujours fort, etc.).

Pour y voir plus clair, voici un tableau synthétique :

Courant du MasculinismeObjectifs PrincipauxRevendications/Actions typiquesPosition vis-à-vis du féminisme
Défenseurs Droits Hommes (MRA)Lutter contre les discriminations envers les hommes, rééquilibrer les droits.Réforme droit famille, reconnaissance violences faites aux hommes, lutte contre la « misandrie ».Souvent critique, voire hostile.
Mouvements MythopoétiquesRetrouver une masculinité « authentique », développement personnel.Ateliers, retraites, exploration de mythes et archétypes masculins.Plutôt neutre ou parallèle, peu focalisé dessus.
Masculinisme Pro-FéministeDéconstruire les stéréotypes de masculinité néfastes, promouvoir l’égalité des genres.Soutien aux luttes féministes, remise en question des normes de virilité, éducation à l’égalité.Allié et complémentaire.

Quelles sont les problématiques et questionnements soulevés par le masculinisme ?

Indépendamment des courants, le masculinisme, dans son interrogation sur la condition masculine, soulève des questions importantes et souvent légitimes :

  • La santé masculine : Les hommes ont une espérance de vie plus courte que les femmes dans la plupart des pays. Ils sont aussi plus touchés par certains comportements à risque et ont des taux de suicide significativement plus élevés.
  • L’éducation des garçons : Certains s’inquiètent des taux d’échec scolaire plus importants chez les garçons dans certains systèmes éducatifs, ou des difficultés d’adaptation à un environnement scolaire parfois perçu comme moins adapté à leurs besoins.
  • La paternité et les droits des pères : La place du père dans la famille, l’équité en cas de séparation (garde des enfants, congé paternité), sont des sujets de préoccupation majeurs. Par exemple, SOS Papa traite de ces sujets depuis de nombreuses années.
  • La violence subie par les hommes : Bien que les violences masculines envers les femmes soient massivement documentées et combattues, la violence subie par les hommes (par d’autres hommes ou par des femmes) est souvent moins visible et moins prise en charge socialement.
  • Les stéréotypes de genre pesant sur les hommes : L’injonction à la force, à ne pas montrer ses émotions (« un homme, ça ne pleure pas »), la pression à la réussite professionnelle et financière, etc., peuvent être sources de souffrance.
  • La « crise de la masculinité » : Certains évoquent une perte de repères pour les hommes face à l’évolution des rôles sociaux et à l’émancipation féminine, nécessitant de redéfinir ce que signifie être un homme aujourd’hui.

à savoir :

Une étude de 2019 publiée dans le Journal of Family Issues a analysé 2.100 cas de garde d’enfants et constaté que les pères obtenaient la garde principale dans seulement 17,5% des cas aux États-Unis.

Figures associées au masculinisme (et ses controverses)

Plusieurs personnalités, à des titres divers, sont associées aux réflexions sur le masculinisme ou les droits des hommes. Il est crucial de noter que leur affiliation est parfois auto-revendiquée, parfois attribuée par des observateurs, et souvent sujette à débat.

  • Warren Farrell : Sociologue américain, souvent considéré comme l’un des pionniers du mouvement pour les droits des hommes (MRA). Initialement engagé dans le féminisme, il a ensuite critiqué ce qu’il percevait comme des biais anti-hommes dans certaines de ses expressions.
  • Jordan Peterson : Psychologue clinicien et intellectuel canadien, très médiatisé. Ses analyses sur la « crise de la masculinité », ses critiques du « politiquement correct » et de certains aspects du féminisme contemporain lui valent une large audience, mais aussi de vives critiques l’accusant de véhiculer des idées conservatrices voire misogynes.
  • En France, des personnalités comme Éric Zemmour ont des prises de position sur la masculinité, la virilité et les rapports hommes-femmes qui peuvent être interprétées par certains comme relevant d’une forme de masculinisme conservateur. Cependant, ces figures sont extrêmement controversées et leurs discours sont loin de faire consensus au sein même des divers courants masculinistes.

Il est important de noter que de nombreux universitaires et militants travaillent sur ces questions de manière nuancée, cherchant à améliorer la condition masculine sans pour autant s’opposer aux droits des femmes.

Masculinisme et Féminisme : des alliés ou des opposés ? Ça veut dire quoi pour l’égalité ?

La relation entre masculinisme et féminisme est complexe et varie énormément selon les courants. Pour les masculinistes pro-féministes, les deux mouvements sont complémentaires et visent un but commun : la fin des stéréotypes de genre et l’égalité réelle pour tous. En revanche, une partie significative des mouvements pour les droits des hommes (MRA) se positionne en opposition au féminisme, qu’ils accusent d’être allé trop loin, de promouvoir une vision négative des hommes (« misandrie ») ou de bénéficier d’un traitement de faveur institutionnel. Cette tension est un point central des débats autour du masculinisme. La question de savoir si la défense des intérêts des hommes passe nécessairement par une opposition au féminisme, ou si elle peut s’inscrire dans une lutte plus large pour l’égalité des genres, reste ouverte.

Quand le masculinisme tue

Certaines affaires judiciaires ou faits divers ont mis en lumière la dimension tragique que peuvent prendre certains discours issus du masculinisme lorsqu’ils basculent dans la violence extrême. En 2022, en France, l’affaire Mickaël Philetas a défrayé la chronique : cet homme, se réclamant ouvertement du mouvement masculiniste et des « incels » (célibataires involontaires), a tué par arme à feu sa compagne Mélanie. Cette tragédie a mis en avant le potentiel passage à l’acte violent de certains individus influencés par des idéologies misogynes ou haineuses circulant sur certains forums masculinistes en ligne.

L’un des cas les plus marquants à l’échelle internationale reste la tuerie de l’école Polytechnique de Montréal en 1989. Un homme, Marc Lépine, qui disait s’en prendre aux « féministes », a assassiné 14 femmes au sein de l’établissement. Cet acte, motivé par une haine revendiquée du féminisme, est devenu un symbole de la violence misogyne et a contribué à mettre en lumière les dangers de certaines idéologies qui opposent de façon radicale les genres, jusqu’au passage à l’acte meurtrier.

Ces événements extrêmement rares mais dramatiques rappellent que si le masculinisme est un courant de pensée, ses extrêmes peuvent parfois servir de justification à des actes de violences contre les femmes.

Les mots autour du masculinisme : synonymes et antonymes

Pour mieux cerner ce concept, explorons son champ lexical :

  • Synonymes (peuvent varier selon le contexte et le courant spécifique) :
    • Mouvement pour les droits des hommes (Men’s Rights Movement – MRM)
    • Études sur la masculinité (Masculinity studies) – terme académique plus neutre
    • Mouvement de libération des hommes (Men’s liberation movement) – historiquement, souvent pro-féministe
  • Homonymes : Pas d’homonymes directs pertinents pour « masculinisme ».
  • Antonymes (par opposition idéologique plus que sémantique directe) :
    • Féminisme (pour les courants masculinistes qui s’y opposent frontalement)
    • Misandrie (terme désignant la haine ou le mépris des hommes, parfois utilisé par certains masculinistes pour qualifier des attitudes perçues comme hostiles)

À retenir

Si vous deviez retenir l’essentiel sur ça veut dire quoi le masculinisme, voici quelques points clés :

  • Le masculinisme est un ensemble d’idées et de mouvements centré sur les hommes, leurs droits, leurs rôles et les enjeux spécifiques qu’ils rencontrent.
  • Il n’est pas monolithique : il existe divers courants, allant de la défense des droits des hommes (MRA) à des approches pro-féministes.
  • Les problématiques soulevées touchent à la santé masculine, l’éducation, la paternité, les violences subies par les hommes et les stéréotypes de genre.
  • La relation avec le féminisme est complexe, allant de l’alliance à l’opposition frontale selon les courants.
  • Il est crucial de distinguer les revendications légitimes de certains courants des discours potentiellement misogynes ou anti-féministes d’autres.

Masculinisme, Tik Tok et la commission d’enquête parlementaire

Depuis début 2024, la diffusion massive de contenus sur TikTok soulève de nombreuses questions, notamment en ce qui concerne l’émergence et la popularisation de messages à caractère masculiniste auprès de la jeunesse française. Face à ces inquiétudes, une commission d’enquête parlementaire a été mise en place au Sénat en juin 2025 pour évaluer les dangers liés à la plateforme. Cette commission s’intéresse tout particulièrement à l’influence de certains créateurs de contenus, dont plusieurs influenceurs français connus pour leurs positions masculinistes ou controversées, et examine l’impact de leurs vidéos sur les comportements et les valeurs des jeunes utilisateurs.

Ce que l’on sait sur la commission d’enquête TikTok

  • À l’origine de la commission : Elle a été lancée par le Sénat, notamment sous l’impulsion du sénateur Claude Malhuret et de la commission des affaires culturelles. L’objectif est multiple : évaluer l’influence de TikTok sur la jeunesse, examiner les risques d’addiction, de déstabilisation, la prolifération de contenus de haine ou de désinformation, ainsi que l’exposition à des idéologies radicales.
  • Auditions publiques : Plusieurs auditions d’experts, de représentants de TikTok France, de victimes de harcèlement, mais aussi d’influenceurs et de sociologues ont déjà eu lieu ou sont programmées. Certaines séances sont publiques, d’autres à huis clos.
  • Influenceurs mis en cause :
    • Alex Hitchens, (Isaac Mayembo) souvent cité pour ses prises de position « anti-féministes » et ses vidéos s’inspirant du discours masculiniste, a été nommément cité lors de certains travaux et par la presse spécialisée (voir FranceInfo, Libération, Le Monde). Il ne s’agit pas d’une mise en cause pénale, mais son contenu a été jugé préoccupant par plusieurs sénateurs, notamment pour son potentiel impact sur des adolescents fragiles.
    • Nasdas, très suivi sur TikTok, est aussi évoqué dans les débats, non pas pour des discours masculinistes, mais pour la popularité de ses vidéos et leur rapport à la transgression des codes sociaux (certains sénateurs l’associent parfois à des « modèles toxiques » masculins).
    • D’autres influenceurs, pas uniquement masculinistes, sont également examinés au regard de contenus « sexistes, misogynes, complotistes ou radicaux ».
  • Critiques principales :
    Les sénateurs pointent notamment :
    • Le manque de modération sur certains contenus misogynes/masculinistes/sexistes.
    • La viralité des discours qui peuvent influencer négativement les jeunes garçons sur leur vision des femmes et des relations.
    • Les stratégies de contournement des signalements par les créateurs concernés.

Chiffres et faits marquants sur Tik Tok

  • TikTok regroupe près de 23 millions d’utilisateurs actifs par mois en France (2024, source Médiamétrie).
  • Selon un rapport remis à la commission, certains mots-clés liés au masculinisme ou à l’anti-féminisme (#redpill, #mgtow, « alpha male ») seraient en augmentation de visibilité depuis un an.
  • Plus de 500 signalements liés à des contenus sexistes ou haineux recensés par l’Arcom entre 2023 et 2024 sur TikTok.

Le saviez-vous ?

En France, selon les chiffres de la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques) ou de Santé publique France, les hommes représentent environ trois quarts des décès par suicide. Ce chiffre alarmant est souvent mis en avant par les mouvements s’intéressant à la condition masculine pour souligner une détresse spécifique qui nécessiterait plus d’attention et de moyens de prévention ciblés. Cela illustre l’un des enjeux concrets soulevés par les réflexions sur la masculinité et ses défis.


En conclusion, comprendre ça veut dire quoi le masculinisme demande de la nuance. C’est un terme qui recouvre des réalités très diverses, des préoccupations légitimes sur la condition masculine aux idéologies plus controversées. Il est essentiel d’analyser chaque discours et chaque mouvement masculiniste au cas par cas, en examinant ses fondements, ses revendications et ses implications pour l’ensemble de la société.

Pour approfondir le sujet d’un point de vue académique et nuancé, vous pourriez consulter des revues de sciences sociales. Par exemple, le portail Cairn.info (https://www.cairn.info/) propose souvent des articles de recherche sur les études de genre, incluant des analyses sur les masculinités (une recherche avec « masculinités » ou « études sur les hommes » peut donner des résultats pertinents).

Retour en haut